• J'ai reçu avant hier le communiqué des quatre associations pour la réforme du mode de scrutin, ainsi que le lien pour signer la pétition en ligne, sur le changement du mode actuel, utilisé lors des dernières élections. Comme on le sait, le Québec est l'une des rares sociétés démocratiques à avoir conservé le mode de scrutin uninominal à un tour, hérité de la tradition britannique. Ce mode est à mon humble avis désuet, du fait qu'il est peut représentatif de toutes les tendances politiques de la société et encourage un bipartisme, pour ne pas parler du « parti unique bicéphale » comme l'a écrit Noam Chomsky. Ce bipartisme a le grand défaut d'encourager le vote « utile », et non le vote par adhésion. On ne vote pas pour un tel, mais plus souvent contre son adversaire.

     

    Pour les défenseurs de ce type de scrutin, le passage à un mode proportionnel amènerait des difficultés de gestion, car les démocratie ayant choisi ce mode, comme l'Italie ou Israël, sont la plupart du temps gouvernées par des gouvernements de coalition, fragilisés et souvent soumis à la balance du pouvoir par des partis extrémistes, comme ce fut le cas souvent à la Knesset israélienne. Cet argument fait un passage rapide sur la multiplicité des modes de scrutin proportionnels. Le fait d'appuyer un tel mode n'est pas d'encourage nécessairement le moins bon mode, mais plutôt de voir à obtenir un outil collectif, satisfaisant le plus grand nombre de citoyens et citoyennes, afin d'obtenir la meilleure représentation électorale pour tous. Plusieurs modèles s'offrent à nous, expérimentés dans de nombreuses sociétés politiquement stables, il s'agit d'obtenir le meilleur d'entre eux.

     

    Voici le lien pour aller signer la pétition en ligne :

     

    www.nouveaumodedescrutin.net

                                  

    Le communiqué :
     
    MONTREAL, le 1er avril /CNW Telbec/ - Quatre organisations préoccupées par la démocratie au Québec se sont réunies pour lancer une campagne d'information et de mobilisation citoyenne afin de faire changer l'actuel mode de scrutin. Elles ont ouvert un site Internet où la population est invitée à signer une pétition qui sera déposée devant l'Assemblée nationale, au gouvernement ainsi qu'à tous les chefs de partis représentés à l'Assemblée.
     
    Il s'agit de l'Association pour la revendication des droits démocratiques, du Collectif Féminisme et Démocratie, du Mouvement Démocratie et Citoyenneté du Québec et du Mouvement pour une démocratie nouvelle.
     
        Ces organisations ont déjà invité des personnalités publiques de diverses tendances politiques et des organismes de divers horizons à s'associer à cette campagne. Plusieurs ont répondu favorablement dont Jean-Pierre Charbonneau, Liza Frulla, Jean Allaire, Laure Waridel, Luck Mervil, Marie Grégoire, Paul-André Martineau, Louise Beaudoin, Paul Ahmarani, Robert Burns, Michèle Asselin, Réjean Parent, Lorraine Guay, Paul Cliche, Lam Chan Tho et plusieurs autres.
     
        Selon les initiateurs de la pétition, les élections du 26 mars démontrent encore une fois la nécessité de se doter d'un meilleur instrument démocratique. Cela fait quarante ans qu'on en parle mais aucun parti n'a voulu procéder à une réforme. Seule, la mobilisation citoyenne peut amener les partis à agir sur cette importante question, de dire Louise Paquet, porte-parole du Collectif Féminisme et Démocratie.
     
        Pour la présidente du MDN, Mercédez Roberge, il est temps de corriger les défauts du mode de scrutin actuel : système défavorisant le pluralisme politique, distorsions dans les résultats du vote entre le pourcentage de voix obtenues et les sièges alloués à chacun des partis, élection de Gouvernements qui ne représentent pas la majorité de la population, inégalité dans le poids des votes et présence de beaucoup de votes perdus, sous-représentation des femmes et de la diversité ethnoculturelle, etc.
     
        Pour sa part, Claude Béland, président du MDCQ, rappelle que lors des Etats généraux sur la réforme des institutions démocratiques tenus en 2003 et lors de la Commission spéciale sur la Loi électorale tenue à l'hiver 2006, il s'est dégagé un large consensus en faveur d'une réforme et de l'implantation d'un mode de scrutin dont le résultat serait proportionnel. Il est temps que les décideurs agissent!
     
        Enfin selon, Brian Gibb, président de l'ARDD, cette campagne donnera l'occasion à des milliers de citoyennes et de citoyens d'exprimer leur volonté que la prochaine élection se tienne avec un nouveau mode de scrutin corrigeant les défauts du système actuel.
     
        L'Association pour la revendication des droits démocratiques, le Collectif Féminisme et Démocratie, le Mouvement Démocratie et Citoyenneté du Québec et le Mouvement pour une démocratie nouvelle invitent donc la population à appuyer fortement cette campagne.
     
     
    (Liste préliminaire des appuis)
     
    Ces organisations sont appuyées par des personnalités issues de tous les horizons et allégeances politiques ainsi que par des organismes.
     
    -- Paul Ahmarani, comédien
    -- Jean Allaire, chef fondateur de l'Action démocratique du Québec (ADQ)
    -- Michèle Asselin, présidente de la Fédération des femmes du Québec (FFQ)
    -- Louise Beaudoin, ancienne ministre de la Culture et des Relations internationales et professeure associée au département de science politique, Université du Québec à Montréal
    -- Robert Burns, ministre d'État à la Réforme électorale et parlementaire (PQ, 1976-1979)
    -- Jean-Pierre Charbonneau, ex-président de l'Assemblée nationale et ex-ministre de la Réforme des institutions démocratiques - PQ
    -- Paul Cliche, militant pour la représentation proportionnelle depuis 40 ans
    -- Liza Frulla, ex-ministre de la Culture et des Communications (PLQ)
    -- Mariette Gilbert, présidente de l'Afeas
    -- Marie Grégoire, députée de Berthier - ADQ (2002-2003)
    -- Lorraine Guay, porte-parole de D'abord Solidaires
    -- Diane Lamoureux, professeure de science politique, Université Laval
    -- France Lavigne, présidente de L'R des centres de femmes du Québec
    -- Paul-André Martineau, militant du Parti vert du Québec
    -- Luck Mervil, chanteur
    -- Réjean Parent, président de la Centrale des Syndicats du Québec (CSQ)
    -- Lam Chan Tho, vice-président du Forum d'action des communautés culturelles (FACC) et trésorier du Carrefour des communautés culturelles du Québec (CCCQ)
    -- Laure Waridel, écosociologue
     
     
    ****Mouvement pour une démocratie nouvelle (MDN). Si vous souhaitez recevoir des informations sur une base plus régulière nous vous invitons à devenir membre du MDN.   info@democratie-nouvelle.qc.ca.

    Merci de votre collaboration et de votre solidarité.

                                     


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  • Mon ami Frefon m'a appelé hier. On s'est raconté nos soirées respectives, lui était avec Luc et Lola au Petit Medley, je soupais chez Julie et Benoît, avec quelques bouteilles de vin. On est revenu un peu sur les élections, comment on va trouver ça long, les 18 mois du gouvernement « Charest-Dumont », comme disent les étudiants en grève. À travers nos histoires diverses, Frefon m'a appris comment la ville de Québec continue de ne pas briller dans la subtilité. Vers la fin de la période électorale, une publicité de CHOI-fm (ben oui, toujours la radio des réactionnaires, même si Jeff Fillion n'y travaille plus), dans un genre peaufiné chez ses artisans, saluait la future défaite du PQ à Québec, en soulignant à peine subtilement l'homosexualité d'André Boisclair. Je crois qu'il a été question de cette pub à une émission récente de « Tout le monde en parle », sur la persistance de l'homophobie en région, malgré les campagnes de sensibilisation menées depuis quelques années.

     

    Il y a toutes sortes de façon d'identifier l'homophobie. La plus anodine est celle-ci, une façon que l'on juge pas bien méchante, une allusion rapide, une « cheap shot ». La publicité, selon ce qu'on m'en a parlé, dit ceci : « Le PQ, à Québec, c'est F-I Fi, N-I Ni ». Pas très fort. Comme me le disait Frefon, ça ne donne pas tellement envie de retourner vivre là-bas. Ça démontre qu'il existe une fermeture solide envers une réalité touchant environs 10% de personnes, dont l'orientation sexuelle ainsi faite n'est pas un choix. Pour avoir été moi-même autrefois fermé sur cette question, par homophobie, je peux me consoler de n'être plus comme ceux-là à Québec, des gens pas foutus d'argumenter sur leur rejet du PQ et de sont choix, dans un choix politique supposé éclairé. C'est toujours l'ignorance qui amène de pareils comportements, combien de fois il faudra le répéter?

     

    J'ai eu la chance de travailler avec des collègues gays, d'en connaître dans d'autres groupes politiques, pour réaliser de la stigmatisation dont les homosexuels, hommes et femmes, sont toujours la cible. Au-delà des allusions, c'est toujours la recherche du bouc émissaire que l'on retrouve. Aussi, il y a cette mentalité de « jocks », celle d'un machisme de bas-étage, ralliant auprès d'une dénominateur commun cette catégorie, souvent identifiée à Québec et ailleurs, des « angry young white men ». C'est ce groupe social informel, habituellement peu politisée, multiforme, qui s'est démarquée depuis quelques temps. Ce démarquage s'est fait essentiellement à droite, de façon à remettre en question des acquis des luttes de revendications, pas seulement économiques mais aussi dans tous les autres domaines. Comme Québec possède les attributs pour contenir en grand nombre les gens de cette catégorie sociale informelle (les jeunes techniciens spécialisés, blancs, francophones, hétérosexuels, entre 25 et 40 ans, de classe moyenne), pas étonnant de l'écho politiques retentissant des partis conservateurs.

     

    Jusqu'à maintenant, nous en avons entendu beaucoup de leur part, sur plusieurs revendications réactionnaires. La crainte envers les accommodements raisonnables, qui a pris une trop grande place dans le débat public, pourrait caractériser une partie du discours réactionnaire, mais on ne peut rallier cette forme de protestation uniquement à cette catégorie. Par contre, l'homophobie revendiquée par les animateurs de radio-poubelle, comme Louis Champagne récemment, en dit long sur une volonté manifeste de freiner l'émancipation sociale d'un groupe important de notre société. Ce même Champagne, frustré de sa mise à l'écart temporaire par son employeur, en avait remis contre « la pensée totalitaire » imposée par l'élite culturelle du Plateau Mont-Royal, un air connu, de la part de ces animateurs. Rappelons aussi le discours anti-féministe des partisans de Fathers-4-Justice, dont quelques-uns de leur « illustres » représentants se sont portés candidats aux dernières élections, avec le même discours qu'ils tiennent à l'année longue. Nombreux ont été les déclarations de la sorte, de la part de candidats de l'ADQ, remettant en question de nombreux acquis sociaux, avec le poing sur le table.

     

    À les entendre, ces adversaires déclarés des acquis sociaux et culturels,  sans faire plus de nuance sur leur présence, on assiste à une relecture de l'Histoire du Québec, où la Révolution tranquille aura été finalement qu'une parenthèse générationnelle. Le retour aux valeurs que caractérisaient les années avant 1960 seraient préférables, à leurs yeux, au maintien de celles ayant cours, des valeurs d'ouverture sur le monde, que représentent toujours la culture issue de la Révolution tranquille.  Nul doute, ce rejet manifeste de la part d'un groupe malheureusement plus jeune, renouvelé, d'une classe voulant en découdre avec ces valeurs, oblige à raviver les luttes de revendication et à les réactualiser. Le laissez-faire, en croyant au recentrage naturel de cette catégorie, serait une grave erreur. Le Québec n'est pas la seule société occidentale qui subie un retour en force de la droite réactionnaire. Pour l'exemple, je ne souhaiterais pas être un homme de gauche en Pologne, où je serais menacé verbalement et physiquement par les partisans de l'ADQ locale, la Ligue des familles polonaises, ou encore ceux du parti conservateur Droit et Justice, un parti tout aussi rétrograde, en étant traité de traître à la patrie, pour mon adhésion au socialisme.

                         

        Logo de la Ligue des familles polonaises                    Logo du Parti Droit et Justice

     

    Tant que ces discours demeurent que du vent, ralliant une partie de la population dans les urnes ou les adhésions formelles, on se console, on garde une sorte de curiosité à leur égard. C'est une erreur. Il faut réaffirmer de toute nos forces les acquis des luttes sociales, de la Révolution tranquille, rappeler pourquoi nous avons choisi, à telle ou telle époque, de choisir cette voie plutôt que maintenir ce qui existait (ou n'existait pas) auparavant, comme situation insoutenable pour le plus grand nombre.

    Je reviens sur l'homophobie. Un des événements m'ayant convaincu de la dérive meurtrière de cette haine, une possibilité qu'elle partage au même titre que le racisme, l'antisémitisme et toutes les formes d'intolérance, a été l'assassinat de Matthew Sheppard. En octobre 1998, Shepard, un jeune homme de 21 ans du Wyoming, a été battu par deux « jocks », parce qu'il était gay. Ils s'étaient fait passer eux-mêmes pour gays, de façon à le piéger, pour le battre et le laisser pour mort, ligoté sur une clôture en plein champ. Trouvé agonisant, Shepard est mort à l'hôpital et ses assassins, deux gars de son âge, ont été retrouvés, jugés et condamnés à la prison à perpétuité. Tout ça, parce que Shepard était gay et ne le cachait pas, dans la petite ville de Laramie, où il étudiait. Ses deux tortionnaires haïssaient tellement les homosexuels qu'ils les avaient déshumanisé, Shepard est donc devenue leur cible toute désignée pour assouvir leur homophobie poussée au paroxysme .

     

                    

             Matthew Shepard                     Aaron McKinney et Russell Anderson, ses assassins

    Pour avoir plus d'informations sur ce meurtre et le symbole qu'est devenu Shepard, il existe ces quelques sites : 

    http://www.matthewshepard.fr/

    http://www.hatecrime.org/index.html

    http://www.matthewsplace.com/

     

    Par la suite, la haine envers les gays et lesbiennes s'est déchaînée, notamment aux funérailles de Shepard, lorsque le pasteur Fred Phelps, un baptiste intégriste et un enragé de l'homophobie, s'est pointé devant l'église avec ses ouailles et ont insulté copieusement la famille et les amis endeuillés. Depuis, Phelps est devenu pour ainsi dire la tête de proue de la lutte contre toute forme de reconnaissance envers les gays et lesbiennes, au noms de principes religieux. Ses discours et ses actions l'ont amené, depuis le 11-Septembre, à aller troubler les obsèques de militaires tués en Irak, pour clamer sa haine de États-Unis, maudits et voués à la damnation éternelle, pour leur tolérance de pratiques « contre-natures ».

    Michael Moore leur a consacré un reportage, du temps de son émission "The Awful Truth". Il a réussi à les confondre... allez voir par vous-même!

    http://www.youtube.com/watch?v=33-_9nOX8KM

         

                      Fred Phelps, un fou furieux...                                                        ...il est tellement con qu'il s'est fait prendre ainsi...

    Je ne pense pas que nous allons voir de pareils hurluberlus de sitôt au Québec, et pourtant... les agressions physiques, motivés par la haine de tel ou tel groupe minoritaire n'ont cessé de croître. Nous avons entendu de multiples appels, pour que le gouvernement « mette ses culottes » et « dépose le pied à terre », pour des raisons qui m'apparaissent toujours assez insignifiantes, comme ces histoires de dérives des accomodements raisonnables. Pourtant, pour d'autres enjeux beaucoup plus importants, on dirait que nos concitoyens doivent se faire tirer l'oreille. La montée de l'intolérance est toujours là, elle m'apparaît encore plus évidente, quand je regarde le type de discours qui rassemble les gens à Québec.

    Un de mes amis me disait encore : « C'est dommage, mais on dirait qu'il faut toujours qu'il y ait un ou deux morts, pour réveiller l'opinion publique ». J'espère seulement qu'il a tort. 

    Retour à la vie sage...

    Je viens de recommencer le cycle des anti-dépresseurs...et je viens de couper court aux petites bières.


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