• Je suis actuellement en train de travailler un texte un peu plus personnel, que j'espère déposer ici dans mon blogue pour très bientôt. En attendant de le compléter, j'aimerais vous faire connaître cette entrevue très intéressante qu'a accordé Bernard Maris, mieux connu sous le nom d'Oncle Bernard, le pourfendeur des néo-libéraux dans le magazine Charlie-Hebdo. Bien que je ne partage pas sa vision très critique du socialisme, considéré qu'à l'aulne des expériences soviétiques ou chinoises, sa critique décapante des absurdités défendues par les cheerleaders du capitalisme déréglementé m'amène à le lire toutes les semaines. L'entrevue a été réalisée pour le compte du magazine Jobboom, dans son édition du 4 avril 2007. Pour une fois que j'ai pris la peine de lire ce qu'il avait à l'intérieur de ce journal gratuit un peu déprimant...

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    Le chant de la cigale

    Bernard Maris fait figure d'iconoclaste dans l'univers de l'économie. Professeur à l'Université Paris 8, il sévit chaque semaine comme chroniqueur d'économie sous le nom d'Oncle Bernard dans le journal satirique français Charlie Hebdo.

     

    par Pierre Frisko

     

    Toujours prêt à bousculer les idées reçues, il a publié de nombreux bouquins, dont le retentissant Lettre ouverte aux gourous de l'économie qui nous prennent pour des imbéciles (Seuil, 2003), où il s'en prend notamment à la validité des prévisions économiques. Il livrait récemment Les cigales (Éd. Bréal, 2006), le tome 2 de son Antimanuel d'économie, où il se sert de l'histoire, de l'anthropologie et de la psychologie pour affirmer que l'inutile crée de l'utilité et que la gratuité crée de la richesse. Rien de moins!

     

                          

                          Bernard Maris

    Q › Vous dites que la revanche des cigales est venue. Quel lien cet insecte associé à la frivolité peut-il avoir avec l'économie?

    R › Sans les cigales, les fourmis n'auraient rien à bouffer, rien à échanger. Les fourmis, ce sont les gens qui sont du côté de l'intérêt, du calcul, de l'épargne, de la raison. Elles ne seraient rien sans les cigales, qui sont des artistes, des chercheurs, des peintres, des créateurs, des gens qui inventent beaucoup de choses. S'il n'y avait pas eu un type qui s'appelait Einstein et qui n'était pas très sérieux, on n'aurait pas, cent ans plus tard, des transistors que les fourmis sont bien contentes de vendre. On a besoin de ces gens qui travaillent sans rechercher immédiatement le profit.

     

    Q › Vous faites l'éloge de l'inutile, vous donnez la part belle aux poètes et aux insouciants. Comment nous aident-ils à mettre du beurre sur notre pain?

    R › D'abord, ils nous aident à respirer. Si le monde n'était fait que de fourmis organisées, ayant une vision du travail absolue et répétitive, ce ne serait pas très rigolo : vous savez ce que c'est qu'une fourmilière. Heureusement qu'il y a des gens qui mettent un peu de fantaisie et de hasard dans la vie : c'est ainsi que des publicitaires peuvent avoir des idées de génie, que des hommes politiques ont des bons slogans, que des gens déposent le brevet d'un médicament extraordinaire auquel on ne s'attendait pas. En règle générale, on trouve ce qu'on ne cherche pas, justement. Les cigales nous donnent non seulement du beurre, mais aussi du miel sur les tartines!

     

    Q › En quoi le hasard et la gratuité contribuent-ils à l'économie?

    R › Un écrivain peut rêver de remporter le prix Nobel, de vendre des millions d'exemplaires ou de faire un autre Harry Potter, mais lorsqu'il écrit un roman, il sait que les probabilités que ça arrive sont faibles. Néanmoins, il continue d'écrire. À partir de là, qu'est-ce qu'il fournit au reste de l'humanité? Il lui fournit des idées, une façon de voir, du rêve, des choses qui l'aident à sortir de sa vision comptable. Parce que les hommes n'ont pas une calculette à la place du cerveau! Sinon, la vie serait en deux dimensions, grise et plate. Je suis quelqu'un de très cupide, mais je sais que je n'aurais jamais écrit un livre si je n'en avais pas lu beaucoup, si je n'avais pas copié des choses un peu à droite et à gauche. La gratuité, c'est aussi le fait que les gens se copient les uns les autres.

     

    Q › Si tout le monde copie tout le monde, qui s'occupe d'innover?

    R › Justement, c'est en copiant qu'on innove. Picasso disait : «On copie, on copie, on copie, puis on finit par faire une œuvre.» On ne serait rien sans les autres : on est des nains sur les épaules de géants. Quand votre mère vous a appris à parler, figurez-vous qu'elle n'a pas inventé un langage. Il est évident qu'elle a pris celui qu'on avait appris depuis des générations et vous l'avez ensuite répété. À partir de là, vous avez cette faculté de faire des phrases et des mots à l'infini, d'inventer des concepts et des choses extraordinaires, des poèmes, des trucs merveilleux. Et c'est parce qu'elle a copié que vous avez pu trouver des concepts totalement nouveaux.

     

    Q › Freud, le père de la psychanalyse, occupe une place importante dans votre essai. Qu'a-t-il à voir avec l'économie?

    R › Dans mon premier ouvrage, j'ai essayé d'expliquer l'économie et la concurrence. Dans le second, j'ai essayé de comprendre pourquoi le capitalisme existe tel qu'on le connaît. Je me suis demandé pourquoi nous sommes si bizarres, pourquoi nous participons à la servitude volontaire. Pourquoi les ouvriers se laissent-ils exploiter, alors qu'ils sont beaucoup plus nombreux que les patrons et pourraient dire «Ah, mais ça suffit!»? Pourquoi aimons-nous travailler et donner satisfaction à notre patron, pourquoi sommes-nous des alcooliques du travail? Pourquoi consommons-nous de façon compulsive des objets que nous jetons à la poubelle rapidement, pourquoi gaspillons-nous?

     

    Freud m'a appris que le capitalisme est un stade infantile de l'humanité, un stade d'insatiabilité, où nous quémandons toujours plus. Il m'a aussi appris que nous aimons détruire, que nous ne sommes pas si gentils que ça, que nous avons une pulsion de mort en nous. Notre côté sadique, nous le tournons soit vers les hommes, soit vers la nature, qui ne peut pas se défendre.

     

    Q › Selon vous, le temps de la décroissance est venu. Comment expliquez-vous ça aux pauvres qui souhaitent hausser leur niveau de vie?

    R › Je ne pense pas qu'on puisse vraiment leur faire comprendre. Ils veulent des voitures parce qu'ils voient que des gens en ont. C'est du mimétisme. Les Chinois ont envie d'une voiture, ils l'auront, on ne peut faire autrement. Quand la planète sera morte, il sera trop tard pour leur expliquer. À Paris, il vaut mieux être à vélo qu'en voiture, mais la plupart des Parisiens préfèrent rester dans les embouteillages. On est pris par l'idéologie de la croissance, convaincu que le bonheur est dans le PIB. Et on pense que les Américains sont plus heureux que nous parce qu'ils sont plus riches, ce qui est une absurdité.

     

    Q › Est-ce qu'on doit jeter le capitalisme à la poubelle?

    R › Mais non! On est dans le capitalisme, on ne peut pas en sortir. Plus jeune, je croyais au socialisme; maintenant, plus du tout. Le socialisme, c'est le capitalisme en pire. C'est aussi une religion de l'économie, de la croissance, de l'accumulation, de l'industrie, ce n'est pas du tout une religion du mode de vie. Alors, d'un côté, on a l'accumulation de l'État, et de l'autre, l'accumulation privée... Malheureusement, cette frénésie d'accumulation, liée au fait que nos sociétés sont immatures, aura des conséquences désagréables sur l'environnement. Quand on ira chercher du pétrole chez vous, en Amérique du Nord, dans des endroits encore vierges, ça va détruire une partie de votre environnement.

     

    Q › Vous affirmez que les comportements économiques sont irrationnels, soumis à l'instinct, à la passion et aux phénomènes de foule. Les prévisions économiques sont-elles une blague?

    R › On peut prévoir des choses sur la loi des grands nombres, c'est-à-dire que vous pouvez prévoir le nombre d'accidents de la route ou de suicides l'année prochaine, en fonction de ce qui s'est produit au cours des dernières années. En revanche, si quelqu'un pouvait prévoir la valeur boursière, il serait multimilliardaire. On ne peut rien prévoir, à moins d'être un initié. Ça signifie, par exemple, que l'on sait qu'une entreprise va vendre, parce qu'on en est le propriétaire, et que l'on se précipite pour vendre ses actions. Mais ça, ce n'est pas de la prévision, c'est du délit d'initié. Et c'est du vol!

     

    Regardez la bulle Internet : tout le monde achetait, la bulle a éclaté, puis tout le monde a vendu. C'est comme l'immobilier. Il y a des bulles parce qu'il y a des phénomènes de foule, des engouements, des mouvements de panique. Les gens sont très moutonniers.

     

    Q › À quoi servent les économistes?

    R › À rien! Ce sont des comiques, mais des comiques par inadvertance. Je ne peux même pas dire que ce sont des bouffons parce qu'ils ne sont pas rigolos. Les économistes répètent les cours de la Bourse à longueur de journée, comme des chants grégoriens; c'est leur manière de faire l'éloge du capitalisme. Ils parlent de la croissance, du taux de chômage, des tendances boursières, etc. Dans l'histoire, il y a toujours eu des gens à qui on a fait réciter des trucs. Autrefois, c'étaient les curés. D'ailleurs, le libéralisme et le capitalisme sont des sortes de religions. Heureusement, la vie est ailleurs!

                                  

                                   


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  • Il est élu, le petit homme, bouffi de sa prétention et de son ambition incommensurable. Des années à planifier son ascension, à miner l'autorité de son président (Jacques Chirac) et de son premier ministre (Jean-Pierre Raffarin, puis Dominique de Villepin), à magouiller et à manier la langue du populisme, allant jusqu'à jouer dans les plate-bande de l'extrême-droite.

     

    Il est désormais le président de la moitié des Français, l'autre moitié, ce soir, est désormais orpheline. Celle-ci va payer son absence de confiance envers le petit homme, celui qui a déclaré nombre de fois comment il est manichéen : on est avec lui ou contre lui. Ceux qui ne l'ont pas choisi, désormais, deviennent la cible de tout ce que le nouveau président déteste. Et ce qu'il déteste, c'est être de gauche, être pour la liberté, l'égalité et la fraternité. Sarkozy, lui, c'est la répression, l'inégalité, la division. Il sera le Margaret Thatcher français, comme le souhaite les économistes néo-libéraux. Dans un pays comme la France, une Thatcher n'aurait pas fait un an... on va bien voir, avec le petit homme, s'il a la prétention d'être de fer. Mais comme il est davantage du bois des Berlusconi de ce monde...

     

    Si c'est le cas, et cela importe peu finalement, cinq longues années sont devant la France...

     

                        

     

     

     

     

     

     

               


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  • Vous connaissez un peu plus ce charmant personnage qu'est Paul Wolfowitz, depuis quelques semaines. L'ancien numéro deux du Pentagone, devenu le président de la Banque Mondiale par décret présidentiel (ça serait une question d'équilibre, le Fond monétaire international est et sera toujours dirigé par un Européen, alors que la BM est et sera toujours dirigée par un Américain...) en 2005, devait incarner le symbole même de la lutte contre la corruption, très vivace au sein de multiples gouvernement des pays du Sud, soutenus par la BM. Il faut croire que l'individu s'est révélé différent de sa prétention, lorsqu'il a été nommé à ce poste.

     

    L'ancien faucon du Pentagone, un des artisans de l'invasion de l'Irak après le 11-septembre, une fois en poste à la tête de la BM, n'a nullement agi pour régler la situation catastrophique léguée par son successeur, James Wolfensohn. Ce dernier, un néo-libéral convaincu, un fanatique des programme d'ajustement structurel, avec lesquels nombre d'habitants des pays du Sud ont souffert de la déréglementation tout azimut imposée par la BM à leur État, a participé au renouvellement du colonialisme. L'arrivée d'un néo-conservateur à la tête de cette institution issue des accords de Bretton Woods, ne pouvait que conforter cette forme d'impérialisme économique. On a vu une accélération de la cadence, sous Wolfowitz, et des pressions redoublées envers des pays réfractaires à céder des secteurs entiers de leur économie au principe du laisser-faire économique, sous prétexte de corruption.

     

    Mais voilà, le grand pourfendeur de la corruption avait un point faible, dans sa vie personnelle. Cette faiblesse a un nom, Shaha Riza, sa copine. Bien qu'elle soit entrée, par ses contacts, au sein du Département d'État (le ministère des affaires étrangères, la chasse-gardée de Condolezza Rice), elle était au départ employée par la Banque Mondiale...or elle le serait toujours. Mieux, elle a obtenu une bonification de salaire, par le biais de son petit ami le président Wolfowitz...  à 200 000 dollars par année, en cumulant un autre emploi, ça fait une belle relation à entretenir, non?

     

    Le site activiste international AVAAZ a organisé une pétition, pour renvoyer ce triste individu. Bien que je ne soit pas particulièrement chaud à la persistance de pareilles institutions au-dessus de nos têtes, comme le FMI et la Banque Mondiale, que je préférerait voir disparaître tout bonnement, la présence de ce type comme président d'une de ces institutions est une insulte à l'intelligence. Il existe une pétition en ligne :

     

    http://www.avaaz.org/en/sack_wolfowitz/

     

    Le site a fait un petit vidéo, sous le thème d'une émission bien connue...

     

       

     

                                                        


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  • Avez-vous le souvenir de cette prétention incroyable qu'a eu l'actuel président américain, George W. Bush, un certain jour de mai 2003? « Mission accomplished », avait-il déclaré, peu après l'entrée des troupes américaines à Bagdad. Il avait été le centre dune mise en scène, sur un porte-avions croisant...près de San Diego, où il posait en aviateur, président et chef de guerre, vainqueur de la guerre contre le terrorisme et de sa base dans l'Irak de Saddam Hussein. Vous allez vous en rappeler, en cliquant le lien suivant. C'est une intervention du commentateur politique Keith Olbermann, de MSNBC, un journalistes très critique envers son gouvernement, avec une perception des plus limpides, sur les conséquences de cette guerre sur son pays.

     

                 Cliquer sur l'image

                

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    http://fr.wikipedia.org/wiki/Mission_accomplie

     

    Comme vous le savez peut-être, l'administration de ce président fait croire à sa population qu'il est primordial de continuer à mener l'occupation militaire en Irak, sans chercher davantage à impliquer les autres acteurs de la région. Bien sûr, on a entendu ces déclarations du Département d'État et sa secrétaire, Condolezza Rice, où on fait croire à un rapprochement avec l'Iran et la Syrie, de façon à les amener à s'impliquer, pour calmer les factions ouvertement en guerre (civile) sur le territoire irakien. Alors que le président Bush a imposé son veto, sur la tentative des élus démocrate de lier l'accroissement du budget alloué à l'occupation à un éventuel retrait partiel des troupes, cette administration tente encore de faire avaler à la nation américaine, désormais très majoritairement incrédule, une « mission accomplie ».

     

    Ava Lowery, cette excellente réalisatrice de documents vidéo pacifiste (Peacetakescourage.com), n'a pas laissé passer cette occasion de rappeler à tous cet anniversaire du triomphe de George W. Bush sur le porte-avions USS Abraham Lincoln. Elle a fait un petit montage disponible en version Windows Media :

                                        Cliquer sur l'image

                                      

      

    Mark Fiore non plus, n'a pas laissé passer ce funeste quatrième anniversaire sans le souligner à sa façon...un petit clique sur l'image suivante:

     

      

     

    Un texte à aller lire absolument...

     

    Sur le site de Blogue.ca, nous retrouvons plusieurs rédacteurs de talent, capable d'analyser une situation en quelques lignes, de façon magistrale. Lentslow est un de ceux là. Il a écrit un excellent texte sur le danger que constitue la « continentalisation » de l'Amérique du Nord. J'avais évoqué cette sourde menace planant sur la souveraineté du Canada, du Québec et du Mexique, par le biais des différents accords de libre-échange, dans lesquels ont tente d'ajouter des clauses allant au-delà des échanges commerciaux. C'est mon texte sur le Partenariat sur la sécurité et la prospérité, écrit le 25 février dernier (http://oktobre.blogue.ca/18604/L%92ALENA%2C+le+PSP+et+la+d%E9magogie+habituelle..html) Déjà que nous craignons la colonisation des esprits par l'envahissement culturel américain, avec les tentatives répétées des grands producteurs états-uniens de démolir les protections législatives sur notre culture, nous avons à redouter un certain impérialisme...sur tout le reste, surtout sur nos richesses naturelles. On croit que c'est déjà effectif, mais en fait, on n'a pas trop idée de sa concrétisation. Lentslow donne des pistes à ce sujet, je vous invite à le lire.

    http://www.blogue.ca/entry.php?w=chambredecoute&e_id=22950

    M'est avis que je ne dormirais pas trop bien ce soir...


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