• Un courriel encourageant, en cette journée de la Saint-Patrick

    J'ai un ami, Éric, un ancien Montréalais expatrié à Gatineau, pour suivre sa copine et continuer ses études là-bas. On s'est connu avec Renaud-Bray, dans nos confrontations avec notre bon patron et ses quelques-uns de ses zouaves. Il ne va pas pour le mieux, justement. Il vit un deuil, le club vidéo où il travaillais a fermé ses portes et sa conjointe l'a laissé. Quand je lui racontais ce que je devenais, il m'a bien compris, j'ai trouvé que je me trouvait pas si mal, mais bon... Éric garde le moral, ça c'est certain, avec le texte qu'il m'a fait parvenir, ainsi qu'à ses correspondants et correspondantes. Je voulais partager son optimisme contagieux avec vous. J'ai demandé sa permission, avant de vous faire connaître sa vision.

    Salut à tous,
     
        Un petit mot sur les élections, parce que j'ai reçu un courriel 
    de Anne-Hélène et son exaspération devant la chose publique m'a 
    heurté, car je crois qu'elle celle-ci témoigne d'une fatigue 
    généralisée. Pour moi, l'élection est encore et toujours un terrain 
    de lutte primordiale au développement de notre autonomie, à notre 
    capacité de décider qui nous sommes, à nous nommer nous-mêmes en 
    fonction de nous. Je partage le sentiment d'impuissance qui habite 
    mon amie, mais l'indignation est essentielle à la transformation. 
    dans le cas des élections, il ne s'agit pas d'un faux débat, c'est un 
    vrai débat. À savoir, est-ce que l'offre politique nous interpelle? 
    Le PQ est-il le véhicule pour les progressistes? Sommes-nous de 
    dangereux rêveurs? Dangereux parce que nous manquons de réalisme, 
    parce que n'étant jamais satisfait nous exigeons toujours plus 
    d'humanisme, de créativité, de passion et de justice sociale.
     
       Il faut relire l'Homme révolté de Camus. L'Homme (ou la femme) 
    révolté n'a pas pour fonction de prendre le pouvoir, car l'humanisme 
    peut rapidement se transformer en terreur, dixit la révolution 
    jacobine et la révolution d'octobre.Notre rôle est oppositionnel. 
    Personellement, je ne crois pas que QS ou les verts feraient beaucoup 
    mieux que le PQ-PLQ dans l'immédiat, et ce, parce que la gauche ne 
    peut pas gouverner seule au Québec dans les conditions actuelles. 
    L'existence de QS force le PQ à s'actualiser, à renouer avec sa base, 
    à chercher de nouveaux modes d'expressions, c'est déjà ça de gagné! 
    La puissance du rêve anime notre société; l'imaginaire est ce que 
    nous sommes et nous sommes notre imaginaire, elle est notre produit 
    et elle est notre identité. Nous sommes ce que nous pensons que nous 
    sommes. Par exemple, je suis québécois parce que je m'identifie aux 
    mythes québécois, à son langage, ses référents, son imaginaire 
    social. Je pourrais tout autant être canadien, pourtant, j'ai choisi 
    d'être québécois, tout est une question de choix. Nous sommes ce que 
    nous voulons être, et dans les conditions actuelles, le Québec veut 
    être compétitif, veut être développement durable et bonne conscience 
    à rabais, veut être semi-nation non avouée, peuple à demi vaincu 
    obnubilé par son obsession pour le pouvoir d'achat. Libre à nous 
    d'engager la lutte pour transformer cet imaginaire, à ce que je sache 
    nous sommes toujours vivants, ce n'est donc pas la fin de l'histoire.
     
       À cet effet, Québec Solidaire est une bouffée d'air frais dans le 
    paysage politique québécois, car il est le seul parti qui propose une 
    gouvernance en fonction de citoyens charnels par opposition aux 
    personnes (im)morales (belle création imaginaire en effet!) qui 
    soutiennent le PLQ et l'ADQ surtout, et dans une moindre mesure, le 
    PQ. Québec Solidaire est une fenêtre ouverte sur le possible, sur une 
    redéfinition de nous-mêmes, c'est un langage nouveau ou le PIB, le 
    taux de croissance, la dette et le déficit ne sont pas les seuls mots 
    signifiants du vocabulaire. C'est un programme politique ou 
    l'environnement, la collectivité, le bien commun, la solidarité et la 
    justice ne sont pas que des signifiants détournés, mais plutôt les 
    pièces fondatrices d'un nouveau langage social. Qu'il prenne le 
    pouvoir ou non, peu importe, ce n'est pas sa fonction immédiate, sa 
    fonction est d'ordre langagière. Le jour ou ils seront au pouvoir, il 
    faudra probablement s'opposer à eux aussi, voilà le paradoxe du 
    citoyen libre.
     
       La capacité imaginative de l'individu, l'imaginaire radical, est 
    cette faculté qui transforme continuellement la société. Les 
    élections ne sont pas la fin du politique, elles en sont le 
    commencement. Votez pour qui vous voulez, mais assumez vos choix, le 
    Québec vous ressemble. Cette société est la vôtre, à vous donc de 
    l'imaginer aux couleurs de votre fantaisie. À nous de mettre en 
    oeuvre notre imagination et vivre de poésie. Soyons de dangereux 

    rêveurs!

     

    Éric

     

    C'est sa demande à la fin qui m'a incité à vous transmettre ce message. "Soyons de dangereux rêveurs!". C'est justement le genre de revendication qui m'allume aujourd'hui.

     

    Joyeuse Saint-Patrick, ne déconnez pas trop avec la boésson ce soir!

     

           

     

    Ben oui, j'ai de l'irlandais en moi, par ma mère...


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