• Triste journée.

    La première nouvelle qui m'a éveillé ce matin n'est pas celle que vous pensez. Je me suis levé plus tôt que cet événement tragique qui s'est produit en Virginie. Aujourd'hui, il s'agit d'un jour spécial, célébré ici comme partout ailleurs, de façon plus discrète au Québec, mais de façon solennelle. Il s'agit de la commémoration de la Shoah, une journée nommée Yom Hashoah, une journée fériée en Israël, afin de souligner le martyr du peuple juif durant la Seconde Guerre mondiale. À une heure précise, les sirènes d'alertes aériennes se sont mises à hurler, pour permettre aux citoyens de s'arrêter là où ils sont, afin de se recueillir et se souvenir.

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    Nous connaissons relativement la Shoah, depuis que la planète a appris sur la monstruosité créée et érigée en système par le nazisme et le IIIe Reich, à travers l'Allemagne et les pays occupés, durant le dernier conflit mondial. Des millions de personnes ont été persécutées, arrêtées, torturées, forcées au travail et assassinées, parce qu'elles étaient d'origine juive. D'autres l'ont été pour de multiples raisons, qu'elles soient raciales, politiques, religieuses, sociales ou autres. Encore récemment, je peux voir les nombreux titres des nouveaux livres concernant cette sombre époque de l'humanité, dont on semble n'avoir pas encore saisi le sens. Il n'est pas inutile de rappeler que le livre récipiendaire du Goncourt de l'an dernier est « Les Bienveillantes », de Jonathan Littell, un énorme pavé de 900 pages, où se raconte un ancien SS ayant vécu la période des nettoyages ethniques dans les territoires occupés de l'Europe de l'Est.

     

    Ce qui m'a attristé avec cette journée commémorative, c'est cette nouvelle troublante. Le tiers des survivants de l'Holocoste vivant en Israël, soit environ 90 000 personnes sur 270 000, vivent sous le seuil de la pauvreté. Pourtant, le souvenir de la Shoah est préservé partout, des centres de documentation et des musées font connaître à toutes les populations, comme ici à Montréal, les souffrances endurées par les populations juives sous l'occupation nazie en Europe. Mais on dirait qu'en Israël, on en a oublié l'essentiel, soit apporter le soutien que mérite ces survivants, des personnes âgées et souvent seules et malades.

     

    J'ai fait une petite recherche, pour en savoir plus long sur cette situation scandaleuse. Ce que je retiens surtout, c'est l'insensibilité des gouvernements successifs en Israël, qui a obtenu des centaines de millions de dollars de l'Allemagne, en guise de réparation pour les torts commis par le IIIe Reich. Or, le ministère des finances en Israël, chargé de verser ces fonds aux survivants, laisseraient la plupart des gens sur le carreau. Cet argent serait employé à d'autres fins que de donner plus de facilité à ces vieillards de vivre leurs derniers jours. J'ai conservé quelques liens avec les sources plus près d'Israël ou des communautés juives, le débat semble dater de plusieurs années là-bas.

     

    http://www.israelvalley.com/news/2007/04/14/9807/israel-shoah-scandale-des-retraites-survivants-de-la-shoah-veulent-boycotter-la-celebration-de-yom-hashoah

    http://www.fr.jpost.com/bin/en.jsp?enDispWho=Feature%5El7884&enPage=ArticlePage&enDisplay=view&enDispWhat=object&enVersion=0&enZone=Articles&

    http://sepharade2.superforum.fr/Votre-1ere-categorie-c1/Votre-1er-forum-f1/la-honte-sur-nos-visages-t4593.htm

    Ça m'a rappelé un essai que j'ai lu il y a six ans, lors de sa parution en français. L'industrie de l'Holocauste (La Fabrique, 2001), de Norman G. Finkelstein, a valu les foudres de nombreuses autorités sur son auteur, parce que celui-ci dénonçait l'utilisation de la mémoire de la Shoah à des fins politique. Certes, il n'avait pas été de main morte, lorsqu'il s'est employé à dénoncer les responsables des différentes organisations juives chargées de demander des réparations au gouvernement allemand et à d'autres États, visés pour leur collaboration passée avec les autorités nazies. Ce que j'avais surtout retenu, c'est que la mère de l'auteur, survivante à six années de persécution et rescapée du camp de la mort d'Auschwitz, a obtenu en tout et pour tout six mille dollars US, de la part de ces organisations chargées des réparations envers les victimes. Le président de la fédération de ces organisations aux États-Unis, une homme probablement très en demande, obtient un salaire annuel de 106 000 dollars US (en 2001). C'est peut être une partie de l'explication, sur cette injustice inqualifiable.

     

    Une autre partie de la réponse provient du fait que les survivants de la Shoah, installés en Israël depuis 1953 n'obtiennent aucune aide de l'État. C'est un choix sur lequel aucun gouvernement n'est intervenu depuis, en dépit des besoins criants et des montants versés en réparation, pour ceux ayant vécu dans leur chair la barbarie nazie. C'est sur la mémoire de cette barbarie, que cet État a basé en partie son existence. Il semblerait que les politiciens israéliens ont oublié quelque chose en route. Ainsi, ils prêtent le flanc aux premiers antisémites venus accuser leur pays d'extorsion envers les États européens.

     

    Il existe une multitude d'injustices pour lesquelles on voudrait écrire quelque chose. Je ne sais pourquoi, celle-ci m'a interpellé plus que je ne le croyait au départ, lorsque je me suis levé ce matin. Je me dis que finalement, si moi, petit libraire québécois coincé dans la slush à Montréal, en cette journée d'avril, si j'ai entendu parler d'une injustice à des milliers de kilomètre d'ici, peut-être que la solution n'est pas si lointaine. Ouais, il existe aussi des milliers de gens vivant dans une immense prison à ciel ouvert, sous le joug du même gouvernement, cette prison appelée Gaza...

     

    Espérons.

     

    Presque huit ans après Columbine...

     

    Encore des morts, victimes d'un tireur fou, dans un établissement scolaire. Ça ne finira donc jamais, ces tueries menée par un ou des déments. Le massacre de Virginia Tech nous rappelle les autres massacre, comme Columbine au Colorado, ou plus près de nous, Polytechnique en 1989 ou encore le collège Dawson l'automne dernier. Je n'aurais pas de mots pour expliquer mon désarroi. Cette violence si soudaine, frappant et fauchant des gens là où ils ne s'attendaient pas de mourir, pour des raisons qui échappe à toute explication, à toute logique. Comme les victimes civiles de la guerre en Irak. Je n'ai pas plus de mots pour cela.

                            


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