• Mes voisins d'en face.

    Je me doutais bien qu'à l'été, pratiquement à notre porte, j'allais revivre un peu les mêmes désagréments avec mon voisinage, particulièrement avec le bloc d'en face. Quand je suis déménagement à mon appartement actuel il y a deux ans et demi, je savais que le quartier était moins tranquille que mon précédent. Hochelaga-Maisonneuve, c'est une réputation assez peu enviable, comme secteur, pourtant, ça s'améliore. Il n'a qu'à voir le type de commerces nouvellement inaugurés sur Sainte-Catherine, ou encore la construction de condominiums dans le secteur. Ouais, certains parleraient de « gentrification », mais certains projets comme la Biscuiterie, dans les murs de l'usine Viau-Dare contient un bon pourcentage de logements à prix abordable.

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    Pour revenir avec mes voisins d'en face, ils représentent pour plusieurs d'entre eux le lieu commun concernant le sous-prolétariat, ou dans un langage bien québécois, les béesses. On dirait que les locataires des six logements et leurs amis ont un seul but dans la vie, du moins à ce que j'en observe, de ma fenêtre de mon salon : se rassembler sur la galerie et ses marches des logements du rez-de-chaussée, puis glander en buvant de la bière et fumant des joints de pot. Comme si ça n'était pas suffisant, il y en a au moins deux d'entre eux qui vendent de la drogue, je ne saurait vous dire laquelle ou lesquelles mais ils sont loin d'être discrets. Les voitures défilent dans ma petite rue à sens unique, provoquant même parfois une congestion, c'est tout dire! On retrouve au minimum cinq à sept personnes à toute heure du jour ou de la soirée, dont l'âge varie entre la jeune vingtaine et la cinquantaine bien avancée.

     

    S'ils étaient un peu plus discrets, je n'en ferait même pas mention dans mon blogue. Déverser son fiel sur des plus pauvres que soi en fantasmant sur la coupure totale de leur chèque d'aide sociale, ce n'est pas mon truc. Je laisse ça aux fascistes et aux fanatiques aigris d'André Arthur. Le problème avec mes voisins, tout béesses qu'ils soient, avec leurs amis et leurs chiens, c'est qu'ils n'ont aucun sens du respect du voisinage. Ça crie, ça s'engueule, les chiens jappent, la musique est forte (du mauvais rap, la plupart du temps), ça klaxonne en voiture, etc. Encore hier, vers onze heure et demi avant que je me couche, le bruit n'avait pas diminué, en comparaison avec sept heure. Ce n'est pas encore cet été, que je vais laisser tomber les bouchons de mousse dans mes oreilles... Je vous raconte pas tout ce qu'il se dit, on croirait revivre du Michel Tremblay : en mettant un peu d'attention, on peut cerner chacun de ces individus, selon leur (manque) d'éducation et leur (absence de) civisme. À première vue, c'est un peu pathétique. On dirait que chacun se fait une fierté de se promener en bédaine, en bombant le torse, quand il y a des femmes parmi eux. Une chose est certaine, on assiste là à une forme de mimétisme : chacun a le crâne rasé et porte une casquette de base-ball, le plus souvent à l'envers. Les plus jeunes portent le look hip-hop, mais en plus cheap.

     

    Quand je les voit le soir, à mon retour du travail, je suis tenté de maugréer contre eux, de leur vie facile, de leur je-m'en-foutisme, de leurs multiples niaiseries... et puis ça me passe. Le sous-prolétariat a existé dès l'avènement de la société industrielle, Karl Marx en faisait amplement mention dans ses livres. Je crois même que c'est lui qui a forgé le terme, en allemand « lumpenproletariat ». Que puis-je faire de plus, lorsque le phénomène est directement associé au type de société capitaliste dans lequel on se maintien? L'aide sociale permet, certainement pas efficacement, à calmer cette partie de population déclassée, souvent depuis des générations. Que ces béesses vivent avec des expédients divers, ça ne me dérange pas. Eux aussi, à leur manière, font rouler l'économie. En fait, mes voisins me dérangent parce que ce sont des cons, voilà. Des sales cons de vendeurs de drogue, sans respect pour personne. Qu'ils obtiennent de l'aide sociale, tant pis. Pour certains dans les ministères associé aux affaires sociales, c'est une façon d'assurer une certaine paix sociale, dans le contexte néo-libéral où l'on accepte un taux « naturel » de chômage. Si c'est ce que ça doit coûter, pour assurer à moi et aux autres résidents de ma rue que ces sales cons d'en face ne viennent pas nous cambrioler, alors je l'accepte. C'est ça ou le début d'une dictature, laquelle se refusant de reconnaître l'existence d'une classe sociale liée au capitalisme. Parlez-en aux gens de l'Amérique latine...

     

    Quand j'avais entendu le Gilles Taillon se targuer avec son cheuf à l'ADQ, durant les dernières élections, que leur gouvernement remettrait 25 000 assistés sociaux au travail dans les neuf premier mois de leur mandat, je m'était esclaffé. C'est que ces assistés valides pour le travail...travaillent déjà! C'est l'économie parallèle, jamais comptabilisé mais réelle, bien implantée dans la vie sociale. De plus, le Taillon ne semblait pas se rappeler de l'épisode où le gouvernement de Robert Bourassa avait tenté la même chose, dans les années 80. On avait engagé des inspecteurs de l'aide sociale, les fameux « Boubou Macoutes » (un dérivé des miliciens du dictateur d'Haïti de l'époque, Jean-Claude Duvalier, les Tontons Macoutes), dont leur coût d'opération et d'efficacité avaient amplement dépassé les prévisions budgétaires et surtout, réduit à néant l'économie que le gouvernement espérait faire sur le dos des assistés sociaux.

    Je termine mon article, en entendant le putain de moteur sans silencieux de la voiture d'un de ces sales connards, stationnée juste sous ma fenêtre. Je me dit qu'un de ces jours, un de mes autres voisins de la rue aura certainement un jour moins de patience que moi...

     

                                            


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