• Les vrais affaires?

    C'est en revenant de l'épicerie, hier après-midi, que j'ai eu l'idée de mon texte. Il fallait le voir, de façon aussi crue, comment se présente la pauvreté de mon quartier, Hochelaga-Maisonneuve. Sur la rue Sainte-Catherine est, entre la rue Morgan, où se trouve le supermarché Métro, et la rue Saint-Clément, j'ai croisé quatre prostituées. J'habite le coin depuis deux ans et demi, ce n'est vraiment rien de nouveau, c'est un problème récurrent. Au même titre que l'itinérance dans les grandes villes, où il n'est pas rare de se faire demander un peu de monnaie, dans un endroit plutôt incongru comme mon secteur. On retrouve désormais peu plus de gens avec des revenus supérieurs à la moyenne, avec la construction des condominiums, il n'est donc pas étonnant de voir un voisin de rue aller demander sa pitance près de la caisse populaire, en espérant de tomber sur quelqu'un de plus fortuné. Pour revenir aux prostituées, elles apparaissent sur le trottoir plus souvent vers la fin du mois, vous doutez bien pour quelles raisons. Chez elles, l'image de la pauvreté apparaît plus crûment. Décharnées, vieillies avant l'âge, à cause des addictions et d'une vie difficile, il faut les observer faire semblant d'attendre l'autobus, ou parcourir le même espace, en essayant d'avoir l'air aguichante. Certaines, parmi les plus jeunes, apparaissent un peu mieux, mais souvent c'est l'effet de la drogue. Une d'entre elles habite pas très loin de mon domicile, elle apparaît plus souvent enjouée, de la même manière que l'on peut observer chez les personnes sous l'effet de la coke. Je l'ai déjà vu faire le trottoir à deus heures du matin, sous la pluie, dans la splendeur de son « buzz ».  Une autre pauvre femme, que j'ai vu souvent rôder près de la caisse pop, a au moins 55 ans et ressemble à la majorité des femmes de son âge, en situation précaire. Pourtant, elle déambule sur la rue, dans la même période où les fonds manque pour la majorité d'entre elles. Je me doute bien que c'est pour des raisons plus immédiates qui l'amène à faire la rue, comme le loyer à payer ou manger.
     
    C'est un peu à elles que je pensais, je venait d'apprendre la teneur du budget du ministre Flaherty. Les conservateurs, comme à leur habitude, ne se soucient guère à la cause de la pauvreté, le budget visant essentiellement à se garder la classe moyenne comme clientèle politique. Le budget n'a presque rien consacré à la lutte contre la pauvreté, on n'a rien vu de concret, mis à part un improbable programme de réinsertion à l'emploi des assistés sociaux, plus cosmétique qu'efficace. On n'a pas fait beaucoup d'état de cela, dans toute la journée d'hier. Les trois principaux partis se faisant la lutte au Québec se sont démarqués...pour tirer la couverture de son côté. Mais aucun d'entre eux n'a fait de cas du peu de compassion affiché par le gouvernement Harper, avec ses milliards envoyés aux provinces. En fait, on constate comment nous sommes dépendant de la vision d'une ministre ontarien, bien installé à Ottawa, qui octroie à l'une ou l'autre des provinces ce que son gouvernement a comme compréhension des problèmes sociaux de chacune des régions. Pathétique, cette image du premier ministre du Québec, Jean Charest, parader avec un sénateur non élu, celui-ci agissant comme un vice-roi de la province, afin de montrer à qui va profiter les millions octroyés au prochain gouvernement. Idem pour le cheerleader de la droite canadienne à l'ADQ, qui vante le gouvernement Harper comme s'il en faisait partie. Je suis d'avis que mon quartier ne sortira pas mieux loti, une fois réparti les sommes que nous allons recevoir, dans la belle province.
     
    Hier, en marge des attentes du budget, on a parlé d'un « vrai problème », celui dont bon nombre de personnes, les lecteurs du Journal de Montréal/Québec, ont espéré voir enfin quelqu'un mettre ses culottes, mette le pied à terre, bref, vous voyez le genre. J'attend cela de mes dirigeants politiques, quand je vois la pauvreté s'étaler dans ma ville et toucher jusqu'à des proches. J'ai commencé à entendre parler des connaissances allant parfois aux banques alimentaires. Mes camarades à Québec solidaire en parlent parfois, des gens gagnant un salaire de 10.50$, dont les imprévus poussent à aller chercher de la bouffe dans des banques alimentaires. Mais ce dont je vous parle, la pauvreté immédiate et frappante de mon voisinage, la paupérisation de mon entourage, ce n'est pas du domaine des « vrais affaires ». En fait, c'est plutôt cette histoire rapportée par les quotidiens de Quebecor, cette cabane à sucre investie par des musulmans, où un groupe s'est fait tasser, pour laisser la place à la prière, ces même clients ont demandé à ce que l'on ne leur serve pas de lard... à lire et entendre les réactions envers ce fait divers, je crois avoir passé à côté de la compréhension des « vrais affaires ». J'ai même lu quelque part, sur un blogue de ce site, qu'il faudrait tous les renvoyer chez eux, les musulmans, peu importe s'ils sont pratiquants ou non. Un autre s'est mis à appuyer les bombardements en Irak et suggérait de bombarder les mosquées. C'est donc ça, les vrais affaires? De ce constat, je retiens donc qu'on s'intéresse davantage aux dérapages des accommodements envers les activités religieuses de tel ou tel groupe, que d'autres cas m'apparaissant plus importants, tels que ceux évoqués plus haut.
     
    Je ne suis pas indifférent envers l'intégrisme religieux, ni envers les activités de certains prosélytes insidieux, jouant sur les indispositions du groupe majoritaire pour insérer certaines modifications sociales. Par provocation et pour afficher mon opposition à toute forme d'intégrisme, une des patches ornant mon bomber indique « Death to the Taliban ». J'ai conservé ma foi mais aussi, je ne remet pas en question la séparation de L'État et de la religion. Mais si on attend une réaction du gouvernement à l'image de la réaction épidermique dont j'ai été témoin hier, j'espère bien qu'elle ne se produira pas. Il existe une commission parlementaire à cet effet, et un processus reconnu pour arriver à baliser ces risques de dérapages et le travail de sape de la part de véritables intégristes. C'est la commission Taylor-Bouchard. Il est facile de présenter son point de vue, en produisant un mémoire et le défendre devant les commissaires. C'est la voie la plus indiquée pour arriver à ses fins. J'ai bon espoir que cette commission amènera un débat civilisé et donnera des conclusions satisfaisantes pour tous. Mais faire partie d'une vague de xénophobie, où on verra encore des agressions physiques envers des gens étrangers à ce débat, comme ça s'est déjà produit trop souvent, suite à des encouragements écrits dans les blogues ou des lettres ouvertes dans les journaux, ça, je ne l'accepterait jamais.
     
    Sur les objectifs affirmés de cette commission :
    http://communiques.gouv.qc.ca/gouvqc/communiques/GPQF/Fevrier2007/08/c6387.html
     

    En attendant, il reste la pauvreté à combattre, si les gens se sentent plein d'énergie dans leur révolte comme celle d'hier, il serait plus intéressant de la canaliser dans cette lutte pas mal plus édifiante. Il existe une foule d'organisme dans lesquels on peut donner de son temps. Je suis certain qu'elle peuvent aider à voir la vie sous un jour meilleur, que de ruminer continuellement sur les accommodements envers les minorités religieuses.

     

                                
     

    Être responsable


    C'est avec un plaisir évident que j'ai appris la décision de Télé-Québec de ne pas diffuser l'entrevue de Pierre « Doc » Mailloux, réalisée par Richard Martineau, pour son émission les Francs-Tireurs. Le type a apparu tel qu'il est, un provocateur de conflit, un diffuseur de préjugés et un suppôt du racisme. Faire état de son importance, c'est déjà trop pour ce genre d'individus. Il existe déjà une foule de vendeurs de haine au Québec, plus ou moins influents, doit-on leur accorder également toute l'attention? Non, on les laisse faire les cons dans leurs sous-sols. Mailloux est peut-être une personnalité publique, il n'est pas nécessaire que l'on en fasse davantage pour lui, qu'il se plante lui-même, à son micro, auprès de son auditoire qu'il méprise royalement.
    http://www.cyberpresse.ca/article/20070320/CPARTS/70320049

    http://www.cyberpresse.ca/article/20070320/CPARTS/70319228/0

     

                                       


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