• Comme quelques-uns d'entre vous, à un moment ou un autre de votre vie, j'ai assisté hier soir à une soirée d'information de la compagnie Primerica. Jusqu'à ce moment où je suis entré dans leurs locaux, je n'avais jamais entendu parler de cette entreprise, fondée en 1977 et affiliée à Citigroup. Bien que j'avais un doute sur l'occasion qui m'étais offerte, je ne savais pas tellement à quoi je devais assister. Après l'exposé d'une heure et demi, j'ai pu constater la solidité de mes convictions politiques et de mes valeurs...

     

    Il y a deux semaine, deux clientes de ma succursale m'ont demandé un livre intitulé « La méthode ABC de faire de l'argent ». Nous l'avions et je me suis empressé de trouver le livre et leur rapporter. Alors que j'étais un peu débordé sur le moment, la plus jeune femme, l'autre étant sa mère, m'a offert de participer à une opportunité d'affaire. Elle m'a alors demandé mes coordonnées, ce que je lui ai laissé. J'avais trouvé  la jeune femme très avenante, voyez-vous... Andréanne (nom fictif, je ne souhaite pas lui nuire) m'a promis de me rappeler au plus tôt, pour me donner plus d'information sur cette opportunité.

     

    La semaine suivante, Claudia (autre nom fictif), la mère d'Andréanne, m'a contacté afin de m'offrir d'assister à une soirée d'information, ce mercredi. Sur le coup, j'avais déjà quelque chose de prévu. Elle m'a alors offert de me rappeler la semaine suivante. C'est ce qu'elle a fait lundi dernier. Claudia m'a même proposé de me transporter à l'endroit de la réunion. J'ai accepté, sans savoir quoi que ce soit, bien que j'avais mon idée sur ce qu'on allait me soumettre. Elle m'a alors donné rendez-vous chez elle, pour 18h00, et m'a demandé d'apporter de quoi prendre des notes.

     

    Je me suis présenté à l'heure, en même temps que Félix (nom fictif), lui aussi avait été approché, pour la même soirée. Nous avons rejoint Andréanne et Claudia, où nous avons brièvement discuté de la suite de la soirée. J'ai appris alors que j'allais faire un tour à Blainville, dans la banlieue nord. C'est Andréanne qui allait nous conduire là-bas. En route pour la réunion, nous avons fait un peu connaissance, encore une fois j'ai surpris par mon âge (on me prend souvent pour dix ans de moins qu'en réalité...), on a peu parlé de l'entreprise mais étonnamment, on m'a fait parler du manque de reconnaissance de mes patrons. Facile à faire, avec mon merveilleux employeur qu'est Renaud-Bray...

     

    Nous sommes arrivé un peu plus tôt que prévu au lieu de la réunion, le siège local de la compagnie à Blainville. Aucune enseigne indique le local, situé dans un centre commercial banal, sur un boulevard banal, près d'un bar-terrasse avec vue sur le stationnement. Nous en avons profité pour casser la croûte (c'est Andréanne qui a payé), puis nous avons entré dans les lieux, où une salle est aménagée pour ce type de soirée, avec un écran, un tableau blanc et des séries de sièges capitonnés. À l'entrée, on nous a offert une feuille, permettant de laisser nos coordonnées et aussi...les noms et coordonnées des personnes que nous pensions que la présentation pourrait intéresser. En attendant le début, Félix et moi avons vu une demi-douzaine de fois un court vidéo corporatif de la compagnie, pendant qu'Andréanne réglait quelques affaires avec d'autres collaborateurs. Dans une production des plus américaine (et en anglais bien sûr...), le vidéo présenté en boucle vantait la possibilité de travailler moins, pour gagner plus d'argent et ainsi s'offrir une véritable liberté, dans le confort le plus total. On voyait de brefs témoignages de gens convaincus de leur choix, heureux d'avoir évité le burn-out avant l'âge de trente ans, vivant dans de somptueuses demeures, offrant à leur famille des loisirs de qualité (bref plan sur trois petites filles apprenant le squash), conduisant des véhicules de luxe (Humvee, moto Harley-Davidson...). Sur les murs, des dizaines de plaques commémoratives de succès couvrent les murs, comme les photos de lieux de prestige et des trophées ornent les coins.  Félix semble être sceptique sur le type de présentation que nous allions avoir. Je n'émet aucun commentaire, je me compose un personnage attentif et poli mais je ne suis pas très à l'aise. Je ne me sens pas à ma place et j'espère que la présentation ne prendra pas trop de temps. Andréanne nous rejoint et nous présente son coach (je ne me rappelle pas de son nom), un homme d'âge mûr qui me demande si je suis intéressé de faire des affaires, et Dan, le présentateur de Primerica, le type du jeune homme dynamique et plein d'avenir.

     

    La présentation commence, la salle s'est remplie à moitié et comme je le constate, les autres personnes impliquées dans la compagnie sont présente et assiste à l'exposé de Dan, bien qu'ils l'ont probablement entendu des dizaines de fois... D'autres spectateurs, recrutés comme moi et Félix, écoutent attentivement le début de la présentation. Plusieurs personnes dans la vingtaine, avec quelques couples d'âge mûr. Tout juste avant, Andréanne nous a glissé qu'il fallait garder en tête ces questions suivantes : Est-ce que je connais du monde que ça intéresserais? Est-ce que ce qui est présenté convient à mes valeurs? Est-ce que ça pose un problème d'être payé selon mon travail (i.e. à commission)? Ce conseil m'a été plutôt utile...

     

    Comment décrire Dan? Si j'avais voulu être le genre de jeune dynamique, ambitieux amoureux du confort et tout pour plaire aux clichés des bôzéjeunes, mon modèle, ce serait lui. Détenteur d'un bac en relations industrielles, ancien cadre des ressources humaines de Gaz Métro, Dan a tout plaqué il y a quatre ans pour s'investir dans Primerica à temps plein, afin de profiter d'une meilleure qualité de vie avec sa femme et sa famille. Il a fait son speech dans un look décontracté, pantalon et chandail, avec un langage très familier. Il s'est d'ailleurs vanté à plusieurs reprises de n'être pas un expert en finance, donc de ne pas avoir adopté le même jargon complexe que les représentants des banques.

     

    Et Primerica, de quoi s'agit-il? Cette division de Citigroup, affiliée à la Citibank, est le plus gros holding financier de la planète. Six millions de clients, 100 000 représentants. Au Québec, l'entreprise est encore à ses débuts, 92 bureaux sont ouverts à ce jour, sur un objectif de 800 d'ici dix ans. Comme la population québécoise serait mal servie par les institutions bancaires et les compagnie d'assurance, Primerica souhaite redresser la situation des milliers de baby-boomers sur le point de prendre leur retraite, dont la plupart sont dans des situations peu reluisantes. C'est pourquoi non seulement elle se spécialise dans les analyses des besoins financiers, mais nous propose également d'entrer dans l'équipe. J'expliquerai plus loin en détail la façon dont Dan nous a fait miroiter l'avenir d'appartenir à la famille Primerica...

                 

     

    Les services de l'entreprise se situent principalement dans trois secteurs. Premièrement, la consolidation de dettes. Primerica propose un plan de rééchelonnement, permettant non seulement de baisser nos paiements, mais aussi d'économiser, sur une plus courte période. L'explication de Dan m'a apparu très simple mais aussi peu convaincant, sur cette façon miracle de se sortir de l'endettement. C'est trop beau pour être vrai. Le second secteur est l'assurance-vie. La compagnie offre une plus grande couverture, pour deux fois moins cher, ce qui serait selon Dan la façon dont s'assurent les riches, ceux-ci ne contribuant à leur assurance que pendant leur vie active. C'est d'ailleurs une des recette de la fameuse « Méthode ABC » dont je vous ai parlé antérieurement. Puis enfin, le troisième secteur est les investissements. Primerica se spécialisent dans des investissements à rendements garantis rapportant un bénéfice plus élevé que les investissements garantis des autres institutions financières. Pour Dan, le risque ne signifie pas une possibilité de perte, mais bien une incertitude sur le rendement. Ainsi, Primerica considère un rendement garanti à 12%, alors qu'il est de 3 à 7% dans des institutions comme le Fonds de Solidarité-FTQ.

     

    Cette présentation de Dan aurait pu être moindrement attrayante, dans le contexte où en tant que libraire mal payé, je suis sensible une vie meilleure, moins précaire que ma vie actuelle et pour un avenir immédiat. Évidemment, je ne suis pas un client-cible, ni même un « prospect » potentiel pour l'entreprise, tant mes valeurs sont en contradiction avec la présentation. D'une part, la stratégie utilisée était très interactive, souvent le présentateur demandait à la main levé des choses comme « Qui souhaiterait avoir au moins 3 000$ assuré par mois dans son compte? ». Fait à noter, les autres membres de Primerica participent également aux échanges, comme n'importe quels spectateurs. J'ai vu Andréanne prendre des notes, alors qu'elle a suivi la formation de l'entreprise. Durant toute la présentation, Dan a fait appel à la conscience de classe...celle de la classe moyenne, bien entendue. Cette classe moyenne à qui on ne permet pas de s'enrichir, qui est imposée au-delà de ses capacités, « pour construire des viaducs qui s'effondrent et des hôpitaux qui ne peuvent servir la demande », mais grâce à l'enseignement des trucs de la finance, de la « démystification » de l'enrichissement personnel, « trop souvent biaisé avec une culture anti-riche », cette classe peu se permettre les grands trips de l'accumulation des biens. Ce langage directement venu du populisme de la droite libérale, je l'ai vu venir de loin. Il est très utile pour vendre, à des gens qui s'imaginent avoir les capacité de s'enrichir rapidement à portée de la main. Inutile de dire que Dan m'a perdu définitivement, en ressassant ces mensonges du capitalisme, dont celui de l'individualisme matérialiste et égoïste en tant qu'attitude positive élevant la société vers le meilleur... Le besoin de commenter ses remarques m'est venu souvent, mais j'ai tenu à rester discret et à prendre le plus de notes possible.

     

    La partie qui m'a heurté a été la reprise de la doctrine de Robert L Kiyosaki, l'auteur de « Père riche, Père pauvre ». Dans ce livre, on dénigre la qualité d'employé, où l'individu est possédé par son emploi et est l'esclave de sa condition. Dan aura beau répéter qu'il respecte ceux qui choisissent cette condition, je ne l'ai pas cru du tout. Primerica s'est servi du schéma de Kiyosaki, où est vanté les trois autres catégories, présentes dans l'organigramme des bureaux régionaux de l'entreprise. Ces catégories sont le travailleurs autonome (l'employé de base de Primerica), l'entrepreneur (le cadre ou le coach du bureau) et enfin l'investisseur, la meilleure catégorie et aussi l'idéal de l'homme libre. Ce genre de schéma m'apparaît détestable, du fait qu'il glorifie encore une fois le mythe du « self-made man », ces individus parti de rien et de leur ingéniosité pour devenir immensément riche. Ce mythe nocif n'a conduit qu'à des catastrophes, l'histoire du capitalisme sans entrave en regorge.

     

                               

     

    À la fin de la présentation, l'insistance de s'en remettre à notre entourage, à s'enrichir en offrant ces services et ces produits financiers à son entourage immédiat m'a convaincu du côté plutôt malsain de l'entreprise. C'est le principe de la pyramide, la fameuse structure pyramidale, où l'on contacte des gens, pour leur soumettre d'entrer en affaire avec vous, en vendant des produits financiers, où ceux à la tête s'enrichissent, au détriment de la base, la piétaille interchangeable. Le plus étonnant, c'est que Dan n'a eu aucun complexe à défendre cette structure, en suggérant que toutes les entreprises, comme son ex-employeur, ont des structures pyramidale. C'est possible, mais au moins, ces entreprises sont constituées légalement et par des personnes dont la plupart n'ont originalement aucun lien. Alors que cette structure, où l'on nous demande d'approcher sa famille et ses amis, c'est une toute autre histoire, d'ailleurs assez peu éthique.

     

    En résumé, on nous a présenté une entreprise dont nous avions eu le privilège de connaître, vouée au bien commun, par ses analyse de besoins financiers et ses produits, dans laquelle s'offre l'opportunité unique de s'enrichir, par les possibilités immenses d'expansion dans un avenir rapproché. C'est un rêve, travailler moins pour gagner plus, voire la possibilité de devenir riche en peu de temps, avec un minimum de savoir (la formation de Primerica) et une liste de clients et d'employés potentiels. Très peu pour moi. Tout au long de la soirée, en prenant des notes, je me désolais du discours de Dan, si convaincu du mythe qu'il a avalé, qui lui a probablement réussi, mais dont il omet la partie où il a du avaler des couleuvres à son tour. Il n'est pas donné à tous d'être travailleur autonome, ce sont des conditions périlleuses, peu recommandables à des gens habitués à des conditions minimales. Et j'imagine bien que pour une personne qui a réussi, combien se sont cassé les dents, avec des conséquences parfois très dommageables.

     

    Je suis revenu avec Andréanne et Félix, qui ont discuté des possibilités s'offrant d'entrer en affaire ensemble. J'ai rassuré notre amie sur l'intérêt que j'ai porté sur l'exposé, en lui faisant remarquer que j'avais passé tout le temps à prendre des notes. J'avais déjà en tête que j'allais vous rapporter cette soirée...

     

    Si Andréanne, Félix ou Claudia se reconnaissent un jour dans ce texte, sachez que j'ai pour vous un grand respect et je vous souhaite tout le succès que vous méritez. Jamais j'ai pensé que vous aviez fait un mauvais choix, peut-être que ça va vous réussir. J'aurais peut-être dû vous parler un peu plus de moi...

     

    Pour vendredi...

     

    Une soirée à ma mesure...The Casualties, a Global Threat et Time Again au Saints, 30 rue Sainte-Catherine. Du gros punk sale, juste à ma mesure....

     


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  • À la suite de la campagne de propagande conservatrice, organisée à la veille

    de l'envoi du Royal 22e Régiment en Afghanistan, on a voulu réduire la manifestation pacifiste à une quelconque expression marginale d'exaltés locaux, issus d'une autre époque. Pour être bien certain que le message soit perçu ainsi, on a pas eu beaucoup d'information sur leurs motivations, à mon avis parfaitement légitime, et surtout les médias les ont très brièvement présenté, de façon négative bien entendu. Quoi de mieux que l'image d'un ou deux radicaux, dépeignant l'ensemble d'une manifestation somme toute bonne enfant, civilisée, rassemblant tous les horizons de l'opposition à cette occupation qui perd de son sens.

     

    Par mes contacts, j'ai facilement retrouvé le lien Youtube de la vidéo réalisée par un des organismes participant à la marche pacifiste. Comme vous le constaterez, les manifestants ont fait ce qu'il devait faire, protester contre l'institution militaire et sa participation à une occupation colonialiste.

     

     

                  


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  • La manifestation pacifiste à Québec, organisée par deux organismes opposés à la guerre en Afghanistan, aura permis aux partisans de cette même guerre à se faire entendre. La parade des militaires du Royal 22e régiment, menée avant leur départ pour combattre le fanatisme et rétablir l'espoir selon leurs chefs, a eu à subir quelques désapprobations de leurs concitoyens. Les commentateurs semblaient espérer quelques troubles, si on observe la couverture médiatique accordée à l'événement durant la semaine. Finalement, on a eu droit à quelques mots entre les manifestants et les proches des militaires, sans plus. On a reproché aux manifestants de ne pas respecter les soldats et leurs proches, ceux-ci ont rétorqué que ce n'est pas aux soldats que s'adressaient leurs messages, mais bien à l'institution militaire et au gouvernement Harper.

     

    En fait, on aura entendu surtout la frange néo-conservatrice, présente et de plus en plus bruyante au Québec. Toute la semaine, ces va-t-en-guerre ont laissé libre cours à leurs récriminations, sur le pacifisme des Québécois (70% des interrogés, selon un sondage cette semaine), sur l'opposition aux manœuvres militaires en Afghanistan et comme d'habitude, sur la gauche en général. Ces griefs ont été repris un peu partout, si j'en crois ce que j'ai entendu, notamment René Hormier-Roy à son émission de vendredi dernier ou encore quelques éditoriaux dans les quotidiens. Pourtant, la position pacifiste n'a pas été tellement reprise, on n'a pas lu ou entendu sur les raisons de leur opposition, mis à part les organisateurs de cette marche à Québec. Et encore, ce fut plutôt bref et dilué.

     

    Ce que nous entendrons pas de leur part, c'est évidemment les travers de ces opérations en terre afghane. Bien sûr, les militaires, relayés par les médias et les partisans du volontarisme conservateur reprennent en cœur la ritournelle sur les bienfaits de ces missions. La liberté des populations opprimées par les Talibans, les enfants qui retrouvent le sourire, les femmes qui se libèrent du joug religieux et de leur burkas, etc. Pourtant, plus de cinq ans après la chute du pouvoir taliban et l'instauration de la démocratie (du moins, au semblant de démocratie institué là-bas), on n'a pas l'impression que ça progresse très fort pour les gens ordinaires. Les soldats de Valcartier, ont affiché une belle vision optimiste de leur mission, j'entend encore un de ceux-là dire à un journaliste son désir de ramener le sourire aux enfants. Ils ont sans doute raison, je les crois sincères dans leur démarche et ils vont faire leur possible pour y arriver. Le problème avec leur présence là-bas, c'est le fondement de cette mission. Après un examen minutieux des prémisses de cette occupation, dont le Onze-septembre en est le déclencheur, on dirait que les raisons humanitaires se succèdent, au gré des modes. Ou encore, pour cacher les bavures énormes ayant entachée ces missions, d'où les représailles contre les troupes canadiennes et étrangères, de la part de la population afghane.

     

    Peu de régime a eu moins de popularité que celui du califat taliban de l'Afghanistan. Pourtant, lorsqu'on compare ce régime avec celui de quelques alliés de l'Occident, il ne semble pas si différent, et pour cause. L'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis sont d'une nature autoritaire semblable. Le fondement religieux sur lequel les Talibans s'appuyaient, outre les visions mystiques du Mollah Omar, est le wahhabisme, en fait une variété très proche, le soufisme déobandis. Pire encore, la majorité des chefs de guerre sur lesquels s'appuient la coalition occidentale sont de la même nature obscurantiste. Dans plusieurs zones contrôlées par les alliés de l'Alliance du Nord, le régime imposé sur place est à peine moins oppressif que celui des Talibans. Dans ces zones, les femmes sont soumises aux mêmes règles que sous le régime déchu. Et puis, pensez-vous, comment peut-on croire que les néo-conservateurs se soucient des femmes afghanes, les États occidentaux également, par les dépenses de milliards de dollars, simplement pour leur apporter l'égalité? Comme les anglophones disent dans des cas semblables: « Sure! »

     

    L'argumentaire néo-conservateur sur l'importance de ce maintien des troupes occidentales, dont les régiments canadiens sur le sol afghan, vous les avez entendu amplement la semaine dernière. Ils avaient un air de déjà entendu, à mes oreilles. Ce que j'ai lu aussi, étrangement, avaient une parenté avec des textes pas mal plus anciens. En fait, l'argumentaire est celui du colonialisme d'autrefois. Ce dernier a toujours eu un fondement de générosité et de bienveillance, à l'égard d'une population dite « en besoin », pour ne pas la décrire comme « arriérée ». Pourtant, l'apport de la paix et de la démocratie se fait toujours attendre, après plusieurs années... pourtant, le régime des Talibans s'est effondré en un peu moins de trois semaines. Que se passe-t-il donc, pourquoi nous n'en sommes encore qu'au début, que la présence canadienne est requise pour plusieurs années? Probablement que l'émancipation des femmes afghanes va prendre beaucoup plus de temps que prévu, ou bien il existe d'autres raisons que l'humanisme militaire...

     

    J'ai trouvé curieux qu'à aucun moment, un commentateur a souligné qu'une partie de la mission des plus importante serait l'éradication de la culture du pavot, la plante d'où est tirée la morphine et surtout l'héroïne, la presque totalité de la production internationale provient de l'Afghanistan. Si au moins les représentants de l'armée canadienne avaient évoqué que la mission serait d'aider à éliminer ce problème. Les Talibans, sans les excuser en quoi que ce soit, avaient presque réussi à réduire à néant cette culture; pourquoi une coalition d'armées modernes et équipées n'y arriveraient pas? La réponse est ailleurs. Dans le plan de colonisation de l'Afghanistan, la coalition s'est appuyé sur les uns contre les autres, selon le vieux principe aussi « colonial » que la division pour mieux régner. Il apparaît que les alliés des Occidentaux sont ceux qui cultivent et profitent de la vente de cette drogue, à travers le monde. Quand on voit leur armement comparable avec les Occidentaux, on constate la nature de l'enrichissement de ces chefs de guerre. Elle passe par le pavot et le contrôle de sa distribution.

     

    Autre silence des commentateurs, ce sont les accusations de violation des droits fondamentaux par les troupes canadiennes, à l'encontre des prisonniers de guerre. Les régiments canadiens successifs ont été accusés, par les organismes chargés de la surveillance des droits humains, d'avoir confiés des prisonniers ou des suspects à des milices proches du pouvoir de Kaboul, afin d'en disposer à leur guise... Les néo-conservateurs pourront toujours accuser les détracteurs de l'occupation occidentale de jouer le jeu des terroristes et des islamistes, si l'armée canadienne est incapable de se maintenir vierge de toute action indigne d'une armée nationale et civilisée, aussi bien qu'elle se retire. Sa mission prétendue humanitaire devient caduque.

     

    Pour finir, un aspect qui m'a agacé la semaine dernière, c'est cette nouvelle sacralisation du militaire. On dirait que les soldats sont devenus exempts de toute critique. Ils sont des héros, avant même d'avoir posé les pieds sur place. Se moquer d'eux, ou faire preuve d'une réserve dissidente quant à l'origine de leur fonction, c'est faire preuve de blasphème. De mon jeune temps de cégépien, lorsque des recruteurs de l'armée canadienne avaient tenté de nous séduire avec leurs armes et leurs uniformes sur notre campus, on avait fait leur fête. On les avait tellement harcelé à leur kiosque, on avait passé des chansons anti-militaristes à la radio-étudiante tout le temps de leur présence, je crois qu'ils ne sont pas revenus avant longtemps...Désormais, ça serait à nous de justifier notre divergence de vue? Pas question! L'anti-militarisme et le pacifisme ont droit de cité, cette subversion est tout à fait légitime, dans un contexte d'une propagande intense, menée tambour battant par un gouvernement désirant plaire à ses alliés, au détriment des besoins de la populations civile.

     

    Ce qui va vous étonner, chers lecteurs et lectrices, c'est que je me suis senti ambivalent, pendant les premières années de l'occupation de l'Afghanistan. Je vous ai exposé une partie de mes arguments contre l'occupation. Je n'ai même pas évoqué la position hautement géostratégique de  ce pays, pour les Occidentaux, avec les États-Uniens en tête, devant la concurrence chinoise et russe dans ce secteur. Pourtant, je sais bien qu'un départ de la coalition, telle que souhaité par certains opposants à la présence canadienne en territoire afghan, est irréaliste et impensable. Alors, que faire?

     

    Surtout que l'occupation en Afghanistan est désormais indissociable avec la guerre en Irak...

     

                                 


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  • Aujourd'hui la Saint-Jean-Baptiste. Que dire de plus, c'est une fête que j'apprécie, en tant que Québécois. C'est aussi une fête de l'été. Il fait beau ce matin, je m'apprête à aller sur l'Île Sainte-Hélène, au Piknik Électronique avec les copines Audrey et Émilie et aussi avec Luc et Lola. Il est encore tôt, au moment d'écrire ces lignes, mais j'ai une vague idée que je vais encore me coucher tard, ce soir...

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    Hier, j'ai passé la journée avec mes parents, en visite à Montréal. Nous sommes allé en vélo dans le Vieux-Port, puis sur l'Île Sainte-Hélène, où mon père me décrivait comment était le site de l'Expo 67. Quarante ans après, il se souvenait de beaucoup de détails, comme la disposition des kiosques et des pavillons temporaires. Ils sont encore dans la région, aujourd'hui ils se dirigent vers Oka.

     

    Dans la soirée, après le départ des parents, je me suis dirigé chez Pat et Mel, qui avaient invité les amis à fêter la Saint-Jean chez eux. C'est pourquoi je suis revenu tôt...ce matin, avant le lever du soleil, quand même! Quelle belle invention, que la bière légère! Ça me permet de passer des nuits plus intéressantes, sans pour autant sombrer dans l'ivresse totale...

                                                                

     

    À vous tous, je vous souhaite une belle Fête nationale, amusez-vous, étreignez-vous, dansez, chantez...notre pays en devenir vaut bien toute nos réjouissances!

     

                                                


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  • Vous connaissez peut-être cette publicité, mais si vous ne la connaissez pas, ça vaut la peine de la regarder. La première fois que je l'ai vu, j'en suis resté pantois. Surveillez bien le trajet de la voiture, vous verrez qu'elle ne se dirige pas vers sa direction initiale...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Je vous ai bien eu, hein? Hi hi hi!


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